vendredi 16 septembre 2011

Bertrand Ritouret, nouveau prophète ?



« Nous sommes en 2011 après J.C. Toutes les communes de France sont devenues laïques depuis 1905, toutes ? Non ! Un village d’Indre-et-Loire administré par d’irréductibles croyants résiste encore et toujours à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat… »
Bertrand Ritourix en Val de Luynes

Pour celles et ceux qui ne le savent pas, faute d’avoir vu les nombreux étendards encore accrochés aux lampadaires du bourg de Luynes, ou n’ayant pas eu l’occasion de lire les éditos du tambour de Luynes, la municipalité a organisé les 24 et 25 juin, la fête des feux et des arts . La dite manifestation a vu la fonte des 4 cloches de l’Eglise Sainte Geneviève préalablement descendues de leur clocher en avril dernier. Le troisième acte aura lieu le 25 septembre prochain avec la bénédiction des cloches par Monseigneur Aubertin, Archevêque de Tours.

Lorsqu’on est homme politique, de quelque envergure que ce soit, un fantasme anime fréquemment le(s) mandat(s), celui de laisser une trace dans l’histoire. Oui mais quelle trace ? Et quelle histoire ? L’urbanisme semble le credo des uns, de première nécessité pour qualifier l’œuvre de Jean Royer, plus « mégalo » pour Jean Germain et ses tours, doué d’une vision culturelle et contemporaine pour la pyramide du Louvre de François Mitterrand, poussé à l’extrême avec Georges Frêche, etc. etc.
Mais lorsque l’on est maire de Luynes et que notre renommée ne dépasse guère l’agglomération, quelle prétention peut-on avoir ? S’inscrire durablement dans l’histoire d’une commune de 5700 habitants n’est pas une mince affaire, tant les mémoires sont sélectives et les mandats parfois courts.
L’approche d’une nouvelle échéance élective se fait sentir et la crainte de retomber dans l’anonymat guette l’édile !

Mais c’est sans compter sur l’inspiration de Bertrand Ritouret, fut-elle divine ? Allez savoir ! Qui en organisant cet événement, non seulement animait la commune de manière exceptionnelle et intéressante (histoire, technicité, exclusivité, etc.), honorait un certain électorat, entretenant des liens étroits avec la religion catholique tout en drainant un public curieux, et « coup de maître », disposait d’un support de communication personnelle pérenne : la cloche.

Depuis tout temps, les cloches portent des inscriptions avec souvent une partie en latin. À la faveur de leurs refontes, celles-ci demeurent identiques ou se voient changer, c’est le parti pris par Bertrand Ritouret qui a décidé de faire valoir sa « sainte action » en faisant inscrire son nom dans la « dédicace » des cloches, comme le veut le terme officiel. Ainsi, jusqu’à la prochaine refonte, son nom sera associé à l’église Sainte Geneviève de Luynes, aux côtés de Jean-Paul II le Bienheureux, puisque l’une des cloches a été ainsi baptisée.

Bref, rien que ça, mais dois-je rappeler que selon la bible « L'orgueil précède la chute », à trop en faire, et à s’éloigner des principes républicains fondamentaux de la laïcité, l’élu pourrait être électoralement sanctionné… à défaut d’être sanctifié.

Mais ce n’est pas tout, comme il est bon ton de marquer les esprits durablement, et que le marketing semble plaire à notre maire, des petites cloches souvenirs ont été coulées et sont en vente à l’office du Tourisme de Luynes. Vous pensez bien que je m’interroge sur la mention éventuelle « Bertrand Ritouret, maire de Luynes de 2008 à ? ». Si quelqu’un est à même de me répondre et de m’envoyer une photo, qu’il n’hésite pas !

Et puis enfin, comme la vraisemblance n’est pas de mise, si on admet que 4 cloches font 4 cloches plus une multitude de petites cloches, il n’est pas improbable que 4 cloches fassent 5 cloches plus une multitude de cloches miniatures ? Si ?
Non parce que pourtant, une cinquième cloche « témoin » de l’événement a pris ses quartiers dans la mairie… On est loin de la provocation passée de M. Lebreton à Joué-lès-Tours qui avait fait poser « Laïcité » sur le fronton de sa mairie en sus de notre devise…

Jésus multipliait les pains, Bertrand Ritouret multiplie les cloches… Pour l’eau, il faudra encore attendre.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

http://myreplay.tv/video/dJiwYtPL-les-cloches-de-luyne-ont-enfin-sonne

Dommage...on ne vous a pas encore vu afin de pouvoir faire une critique objective et non idélogique .

Anonyme a dit…

». En ce qui concerne l'entretien des édifices du culte, hors monuments historiques, il convient de distinguer ceux qui sont propriétés publiques, antérieurs à la loi de 1905, et ceux appartenant à une personne privée. Conformément au dernier alinéa de l'article 13 de ladite loi, les collectivités publiques peuvent engager les dépenses nécessaires à l'entretien et à la conservation des édifices du culte leur appartenant. Bien que la loi mentionne une simple faculté, et non une obligation, les collectivités publiques sont tenues, en pratique, d'assurer à leurs frais le bon état de ces dépendances de leur domaine public, car le défaut d'entretien est susceptible, en cas de dommages aux personnes ou aux biens, d'engager leur responsabilité

Alexandra a dit…

Cher(e) Anonyme,

Tout d'abord, merci d'instaurer un débat sur ce thème.
Ce dimanche fut rythmé différemment pour moi, jour du seigneur pour les uns, il fut presque chômé pour moi... presque! J'ai entre autres choses participé à un hommage à François Rabelais, en sa maison d'enfance à la Devinière, à Seuilly.
Je ne pense d'ailleurs pas que si ma journée avait été libre elle m'aurait amenée à suivre cette messe... mon esprit de fervente laïque n'aime guère cela, vous m'en voyez désolée. Cela ne m'empêche pas néanmoins, de respecter les convictions religieuses de chacun, tant elles relèvent de la vie privée et qu'elles ne fassent l'objet d'aucun prosélytisme.

Pour anonyme 2 (si ce n'est pas la même personne)
Sachez que votre propos est hors-sujet. Je ne remets pas question les articles de la loi de 1905 que je connais quelque peu pour ce qui est de l'entretien des édifices.
Permettez moi d'ailleurs une digression: être laïque ne m'empêche pas (et heureusement) d'être une amoureuse des pierres et par conséquence de certains édifices, et bien plus de l'histoire qu'ils portent et transmettent. A ce titre il m'a été donné de découvrir il y a peu le village de Lavardin au sud de Vendôme. Outre son charme naturel de village des bords du Loir, cette commune est un véritable musée tant l'architecture y est riche et surprenante. Son plus beau joyau est l'église. Lieu saint oui, mais lieu d'histoire surtout, dans lequel des fresques incroyables recouvrent la quasi totalité des murs. Bref, sans l'intervention des pouvoirs publics (Cf. Région et ministère de la culture), il est évident que l'émoi qui fut le mien lors de cette "contemplation" n'aurait pu exister, et je reconnais là tout l'intérêt d'investir l'argent public pour une cause avant tout culturelle.

Je referme la parenthèse.
Pour ce qui est des cloches, j'ai cru comprendre, par des lectures diverses et variées, que les nôtres ne tombaient pas non plus en ruine... Et quand bien même, c'est tout le tapage et les à côtés qui me dérangent au regard du peu d'initiatives d'aménagement et de développement faits dans notre commune.
Relisez l'article et vous verrez que je reconnais certains intérêts dans la fonte de ces cloches... Mais voyez-vous, le fait que monsieur le maire fasse inscrire son nom sur les cloches, qu'il multiplie au passage... me pose problème. Où sont les priorités de cette municipalité lorsque l'on voit qu'elle ne lésine pas pour ce genre "d'animation" mais qu'elle chipote pour une modique subvention au collège qui souhaite monter un projet théâtral? (tout en invoquant au passage que c'est le rôle du Conseil général,en faisant ainsi preuve d'une méconnaissance totale des compétences de l'institution sus nommée, bien qu'ex-candidat à ses élections en mars dernier. Car si les équipements et la restauration relèvent bien du Conseil général, ce qui a trait aux contenus est bien encore le fait du prince, pardon du gouvernement)

A bon entendeur, cela s'appelle une divergence de point de vue.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis d'accord avec vous, Alexandra, lorsque vous parlez de priorités. Bien que l'évènement de la refonte des cloches ait été intéressant, j'y aurai mille fois préféré des travaux de voirie sur l'avenue du Duc de Luynes par exemple. Mais le rayonnement n'aurait pas été le même, bien que l'utilité publique non plus...
Et puisque nous parlons de rayonnement, mon métier m'imposant de nombreux déplacements en Indre et Loire, je peux dire que la commune de Luynes au travers des choix de son Maire, donc son Maire pour tout dire, prête bien plus souvent à sourire qu'à envier. A vouloir trop plaire on finit par amuser.
Tient, cela me fait penser à une fable de La Fontaine...

Bien cordialement.

Alexandra a dit…

Cher anonyme,
Si La Fontaine était de ce monde, il aurait de nombreuses fables à écrire... pour notre plus grand bonheur!!!
Merci pour votre contribution et votre compréhension.