mardi 26 janvier 2010

Pernette du Guillet (1520-1545)

Il est des matins, des journées où l’âme torturée exhorte l’esprit à se tourner vers les auteurs qui ont su traduire par des mots les paroles du cœur.
Pernette du Guillet est de ceux-ci, cette poétesse humaniste du XVIe siècle entreteint avec son maître Maurice Scève une relation complexe, faite d’admiration, d’amour et de frustration.
Ce dernier lui consacra une œuvre, Délie. Quant à elle, ses écrits furent publiés post-mortem par son époux. Ils témoignent d’une richesse intellectuelle voire philosophique. Ses réflexions sur l’amour, sa transcription de ceux-ci s’apparentent au partage, certes tout en retenue comme le qualifiait son biographe et critique W.J.A. Bots des joies corporelles et spirituelles que son pudique amour n’a pas manqué d’éveiller en elle, n’épargnant pas non plus les peines qui malheureusement les accompagnent.

Voici quelques extraits...

C'est un grand mal se sentir offensé

C'est un grand mal se sentir offensé,
Et ne s'oser, ou savoir à qui plaindre :
C'est un grand mal, voire trop insensé,
Que d'aspirer, où l'on ne peut atteindre :
C'est un grand mal que de son coeur contraindre,
Outre son gré, et à sujétion :
C'est un grand mal qu'ardente affection,
Sans espérer de son mal allégeance :
Mais c'est grand bien, quand à sa passion
Un doux languir sert d'honnête vengeance.

(Rymes XLVII)

Extrait Chanson III

Ne trouves point estrange,
Si, quand ne le puis veoir,
Je me trouble, et me change,
Tant qu’il me fault douloir
Du mal, que mon cueur sent,
Quand de moy est absent.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifique, cette femme est morte trop jeune.

Alexandra a dit…

Oui, ses écrits ont le don de marquer le lecteur, même des siècles après leur publication. Aujourd'hui trop peu connue, elle mériterait que les programmes scolaires s'y attardent un peu. Mais vu la considération actuelle pour la littérature et les sciences humaines, je crains que ça n'arrive pas de si tôt...