dimanche 9 novembre 2008

Promenade automnale : les sens ne connaissent pas la crise.

Loin de Luynes et de ses vicissitudes mais pourtant si proche…
Aujourd’hui, j’ai découvert le 104, nouveau lieu d’expression artistique contemporaine à Paris, qui émerveille par son élégance, son esthétique. Beauté presque insolente au regard du quartier, si terne, qui l’entoure. Vaste espace apaisant, titillant l’esprit créateur et curieux qui sommeille en chacun des visiteurs.
A mon retour de cette flânerie urbaine, mes pensées m’ont néanmoins guidée loin de toute l’agitation parisienne, dans le calme d’une forêt aux couleurs chatoyantes, près de Luynes, où la veille de ma rentrée je suis allée me ressourcer ! (et faire quelques clichés)
J’aime l’automne, je le clame haut et fort, oui, cette saison me séduit…
L’automne ce n’est pas seulement les arbres qui s’endorment, le ciel qui s’obscurcit, la pluie et le froid qui s’installent.
Si les feuilles se meurent… c’est dans un spectacle des plus somptueux qu’elles tirent leur révérence. Pour le plus grand bonheur de nos yeux, elles se teintent de milles couleurs féériques, nuances vives de jaune-doré, de rouge et de orange flamboyants rehaussées par les gracieux rayons du soleil.



Des tons chauds qui jurent avec l’idée même de leur disparition future. Et comme pour nous dire qu’il n’y a pas de souffrance dans cette fatalité, elles amorcent leur descente vers la terre, leur ultime demeure, par une valse enthousiaste orchestrée par un vent tantôt léger ou plein d'entrain et non mauvais comme pouvait le penser Verlaine, dont la « chanson » n’en reste pas moins sublime.




L’automne, comme chaque saison, éveille les sens, si la vue est formidablement sollicitée, l’odorat n’en est pas pour autant lésé. Quel bonheur d’humer ces parfums de feuilles et de bois humides, que vient relever l’odeur des fumées des premiers feux de cheminée, devant lesquels nous aimons tant nous retrouver ou nous blottir. L’automne, en favorisant ces rendez-vous, apporte joie et chaleur conviviale… Se laisser porter par ces moments est un délice que pour rien au monde je ne délaisserai.
Le toucher également y trouve son compte, marcher sur le doux tapis de feuilles recouvrant l’humus moelleux, présent de la nature, procure des sensations proches de l’apesanteur. Le silence de nos pas (qui ravit nos oreilles) est si plaisant, il est parfois interrompu par un craquement de branche fatiguée par deux saisons révolues, le vent soufflant dans les feuilles les plus obstinées, ou par la chute d’une châtaigne en quête d’émancipation, qu’un pied compatissant viendra peut-être délivrer de son bogue épineux.


La pauvre châtaigne ne se doute pas que ce pied lui donnant accès à l’air libre, cèdera bientôt la place à une main moins amicale qui après l’avoir installée dans une poche ou un sac, la déposera dans une poêle percée, sur des braises rougissantes, et que bientôt elle la portera à une bouche qui la dégustera autour d’un verre de bernache ou de cidre… Oh ? Mais voilà que le goût est à son tour stimulé…
Vous l’aurez compris, cette escapade fut l’occasion de m’imprégner de ce qui m’est cher et que je ne peux retrouver ici.


Dans la capitale, les belles transformations de l’automne sont enfin de compte assez peu visibles, seul le froid et la grisaille sont perceptibles. Peut-être que les représentations négatives sur l’automne émanent de là, des urbains qui n’osent s’aventurer hors des murs de la cité…
Bien à vous,
Alexandra

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ode à l’Automne

Saison de brumes et de fruits emplis de tendresse,
si proche amie du soleil mature;
et complotant avec lui à alourdir et bénir
de fruits les vignes qui courent autour des toits de chaumes;
à faire ployer sous les pommes les arbres moussus des chaumières;
et emplir jusqu’au cœur tous les fruits de leur mûrissement;
Et faire se gonfler les courges, et arrondir les coques des noisettes
avec un doux noyau; à faire bourgeonner tant et plus,
Et toujours plus, pour que viennent des fleurs tardives pour les abeilles,
Jusqu’à ce qu’elles pensent que jamais ne s’arrêtent les jours chauds,
Car l’été a rempli à ras bord leurs moites alvéoles.

Qui ne t’as point souvent vue au milieu de ton commerce ?
Parfois quiconque qui cherche tout au loin peut te trouver
assise négligemment sur le sol du grenier,
tes cheveux doucement caressés et tamisés par le vent;
ou sonore endormie dans un sillon à demi moissonné,
somnolante sous le parfum des pavots, pendant que ta faucille
dépouille la prochaine botte et toutes ses fleurs entrelacées :
Et parfois comme un glaneur tu veux garder
bien droite ta tête lourde au milieu du ruisseau,
ou près d’un pressoir à cidre, avec une attention patiente
tu observes le dernier écoulement heures par heures

Où sont les chants du printemps? Ah, où sont-ils donc?
ne pense pas à eux, tu as toi aussi ta musique,-
Quand le jour doucement mourant fleurit de nuages défendus,
et caresse de teintes roses les chaumes;
Alors dans un triste choeur gémissent les petits moucherons
parmi les saules de la rivière, portés vers le haut
ou faisant naufrage comme le vent léger vit ou meurt;
et bêlent les grands agneaux aux limites des vallons;
dans la haie chante le criquet; et maintenant doucement aérien
le rouge-gorge siffle depuis la maisonnette;
et les hirondelles assemblées gazouillent dans le ciel.

John Keats (1795 1821)

Chère Alexandra,
Merci de nous faire partager vos émotions avec autant de poésie. Vous nous offrez une si belle promenade. Nous marchons dans vos pas, nous respirons avec vous. Nous nous laissons guider par vos pensées jusqu'au cœur de la forêt...et nous rêvons...

Alexandra a dit…

Cher Laurent,
Je suis heureuse de voir que mes mots puissent avoir cet effet, je ne leur connaissais pas ce pouvoir... J'en suis touchée.
Mais à côté du poème que vous nous offrez ici, je suis une bien petite "joueuse"... Merci pour cette découverte.
Bien à vous,
Alexandra