lundi 4 août 2008

Festival Théâtre en Val de Luynes, Acte 1 : Cinna

Samedi 2 août 2008 s’ouvrait la 5e édition de Théâtre en Val de Luynes.
Malgré les désagréments, les péripéties dont son organisation a été victime depuis la décision de la nouvelle municipalité luynoise (je n’y reviens pas…), nous avons été heureux de pouvoir découvrir la tragédie Cornélienne, Cinna.
Bien qu’initialement prévue au château de Beauvois, la représentation a finalement eu lieu dans la salle polyvalente de Saint-Etienne-de-Chigny. Pour cette première, l’instabilité climatique a malheureusement eu raison de l’association théâtre-patrimoine. En effet, il a été jugé préférable de jouer la sécurité plutôt que de devoir annuler si les forces atmosphériques devaient déverser leur courroux. Et je peux vous dire, que le choix fut cornélien…
Avant que la pièce ne débute, les organisateurs (Office de Tourisme) et les bénévoles (quelques membres de l’équipe Vivre à Luynes, et des volontaires indépendants) ont été conviés à monter sur scène par la troupe qui souhaitait leur témoigner toute la gratitude liée à leur travail qui a permis de mettre sur pied (ou « remettre » vu les circonstances) cette nouvelle édition.
Mme Hanzel, la présidente de l’Office de Tourisme, a prononcé un petit discours, suivie par le maire de St-Etienne-de-Chigny, P.Chalon, dont l’intervention, sobre mais éloquente et empreinte d’humour, a été fort appréciée, voilà un maire qui sait reconnaître un évènement prestigieux lorsqu’il en rencontre un et sait l’honorer !
Malgré le changement de lieu, une personne de Beauvois est venue dire quelques mots.
Enfin, Daniel Annotiau, l’homme du festival, metteur en scène et acteur, a présenté la pièce et son auteur.
La salve de coups de "brigadier" retentit puis les trois célèbres coups. La salle plongée dans un silence propice à l’écoute, observe le personnage d’Emilie traverser la salle et monter sur scène.
C’est sous l’œil attentif de l’assemblée que la pièce s’est jouée.
J’admire les acteurs pour bien des raisons, mémoriser ce texte, entre longues tirades, discours et formules à effet, « dialogue impétueux et bondissant » comme écrivait Sainte-Beuve, et la rigueur que la tragédie oblige, j’imagine sans mal que lorsque le rideau (fictif) tombe, le repos s’impose.
Cinna, qui fut jouée pour la première fois en 1642, a connu un vif succès. Cette tragédie met en scène quatre personnages principaux, Emilie, Cinna, Maxime et l’empereur Auguste. Emilie qui souhaite venger la mort de son père, exige de son dévoué amant, Cinna, qu’il assassine Auguste, dépeint alors comme un tyran sanguinaire, de là, une conjuration est élaborée avec l’aide de Maxime, secrètement épris d’Emilie. Le complot est finalement révélé à l’empereur, qui après le désir de châtier les conspirateurs va se raviser, n’écoutant plus que la voix de la raison (dont son épouse se fait l’écho), pour accomplir un sublime geste de clémence.
C’est l’exaltation de la vertu morale qui triomphe dans cette pièce, par l’indulgence, Auguste est fidèle au principe stoïcien qui subordonne toue passion humaine au jugement de la raison.
Mais c’est aussi, à l’inverse, la faiblesse humaine devant la passion qui est mis en avant. Cinna se laisse emporter par son amour pour Emilie et semble prêt à tout pour satisfaire sa bienaimée, puisqu’il va jusqu’à étouffer en son cœur la reconnaissance qu’il doit à Auguste.
Le ressenti du spectateur évolue tout au long de la pièce, sa sympathie allant des conjurés vers l’empereur.

La soirée s’est terminée autour d’un cocktail convivial où comédiens et spectateurs se sont retrouvés pour échanger quelques paroles, félicitations, admirations et impressions… Quel soulagement de voir que tout s’est bien déroulé, que le changement de lieu n’a pas terni l’opinion du public, et que c’est ravi que chacun est rentré dans son logis, un peu comme il y a 366 ans… la magie du théâtre !

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